Aller au contenu

Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
AU PAYS DES PARDONS

nonça Gralon. « J’ai là Jeux dogues qui nous renseigneront à cet égard. »

Les terribles bêtes furent lâchées sur Ronan ; mais, au lieu de le mettre en pièces, elles se couchèrent docilement à ses pieds, léchant ses haillons, implorant de lui une caresse.

Il y eut dans la foule une grande stupeur. Gralon-Meur, s’étant avancé vers l’anachorète, s’inclina et dit :

« — Pour que mes chiens t’aient respecté, il faut qu’un pouvoir singulier soit en toi. Parle donc et confonds tes accusateurs, afin que justice soit faite. »

« — Je parlerai, » répondit Ronan, « non à cause de moi qui n’ai de comptes à rendre qu’à Dieu, mais à cause de l’enfant, victime innocente de cette odieuse machination commande, o roi, qu’on apporte ici le coffre qui est à Kernévez, dans la grange, derrière un tas de fagots. »

Il fut fait selon sa volonté. Quand on ouvrit le bahut de chêne, on y trouva la fillette, blanche comme cire ; elle était étendue sur le côté, morte. Dur eût été de cœur, celui qui n’eût