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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/246

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN

la cîme, étendant un voile de ténèbres sur le pays environnant, tandis que de l’oratoire s’élevait vers le ciel une longue colonne de fumée blanche. Par ces signes on fut averti que Ronan n’était plus mais on attendit au troisième jour, avant de franchir l’enceinte des houx sacrés. L’humeur du saint était à redouter même après sa mort. Il fallut que le penn-tiern entrât le premier dans la cellule. Le cadavre ne présentait aucune trace de décomposition ; il était couché dans la posture qui, de son vivant, lui était familière, ses pieds de marcheur obstiné dépassant le seuil les mèches hérissées de ses cheveux étaient lumineuses comme des flammes ; d’une main il pressait sur sa poitrine un livre aux fermoirs richement ouvragés, sans doute un répertoire de formules magiques, pensèrent les paysans ; dans l’autre il tenait la clochette, compagne mélodieuse de ses migrations.

On a vu de quelle façon il fut procédé aux funérailles. Dès que le corps eut été placé sur le chariot, les bœufs se mirent en marche et la clochette de fer commença d’elle-même à tinter. Pendant toute la durée du trajet, elle sonna ainsi,