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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/249

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AU PAYS DES PARDONS

insensées, des injures inexpiables s’échappaient de ses lèvres.

« — Va, charogne, va rejoindre dans le charnier où elle pourrit la louve qui fut ta mère !… Tu dois être content, fléau des ménages !… Grâce à toi, la plus belle lessive du pays est en pièces… Ris donc, artisan de malices, fourbe des fourbes, nuisible jusque dans la mort !… Ha ! Ha ! Et dire qu’il y a des benêts qui te pleurent !… Quant à moi, tiens, voilà mon adieu ! »

Horrible profanation ! Elle venait de lui cracher a la figure. Ce fut du reste son dernier outrage. Le sol au même instant s’entrebailla sous elle et l’engloutit…

Au bout de trois heures de marche, la clochette s’étant tue, les bœufs s’arrêtèrent. On était en pleine forêt, sur le versant occidental de la montagne. Une fosse fut bientôt creusée, mais lorsqu’il s’agit d’y descendre le corps du saint, les efforts réunis de vingt hommes demeurèrent impuissants à le soulever. « Peut-être ne veut-il pas qu’on l’enterre », opina quelqu’un ; « laissons-le en cet état, et attendons les événements. » Or, il advint