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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/255

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AU PAYS DES PARDONS

férée, voilà treize cents ans, par le thaumaturge de la montagne.

Mais non. L’esprit de Ronan ne s’est pas retiré de sa bourgade. Tout au contraire ; il en est resté le génie bienfaisant. C’est grâce à lui si elle retrouve, à de périodiques intervalles, un semblant d’animation et de vie. Tous les sept ans, en effet, comme il arrive, dit-on, pour les villes mortes de la légende, Locronan se réveille, voit abonder dans son désert un peuple de pèlerins. Durant l’espace d’une semaine, il peut se croire revenu aux jours les plus brillants de son histoire. Ce miracle, c’est la Troménie qui l’opère.


III


Troménie est une corruption de Trô-minihy et signifie proprement « tour de l’asile », Ces asiles, ces minihys, dans l’ancienne Église de Bretagne, étaient des cercles sacrés d’une, de deux, quelquefois de trois lieues et plus, entourant les monastères et jouissant des plus précieuses immunités. Celui qui dépendait du prieuré de Locronan cou-