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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/256

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN

vrait une vaste étendue, empiétait sur le territoire de quatre paroisses Locronan, Quéméneven, Plogonnec et Plounévez-Porzay. Le pèlerinage de la Troménie consiste à en faire le tour, en suivant une ligne traditionnelle qui n’a pas varié depuis des siècles. On ne s’écarte guère des flancs du ménez dont la masse énorme absorbe, confisque la vue, apparaît comme le centre de la fête. Aussi les fidèles, peu soucieux d’une étymologie dont le sens pour eux s’est perdu, expliquent-ils Troménie par Tro-ar-ménez qu’ils traduisent librement : le Pardon de la Montagne.

Quant au trajet à parcourir, c’est celui-là même — on l’a deviné — où se complut Ronan le marcheur, du temps qu’il était de ce monde. Voie étrange hors de toute voie, espèce de sentier mystique, à peine frayé et que jalonnent seulement, de loin en loin, des calvaires. Il n’est pas aisé de s’y reconnaître. Mais au besoin le saint en personne s’offre à remplir les fonctions de guide.

Une pauvresse m’a fait ce récit.

Elle avait promis d’accomplir le pèlerinage, de nuit, et elle s’était mise en route au crépuscule,