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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/258

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN


« — Tu n’as cessé, tantôt, de l’invoquer dans tes litanies », répondit la voix.

Alors, elle comprit, s’agenouilla pour baiser les pieds du saint ; mais il avait disparu.

Dès le douzième siècle, la Troménie septennale prenait rang parmi les grandes assemblées religieuses de la Bretagne. On s’y rendait par clans des points les plus éloignés, — de l’extrême Trégor, du fond des landes vannetaises. Saint Yves y figura, accompagné de son Inséparable Jehan de Kergoz. Plus tard les Ducs se firent un devoir de s’y montrer. La tradition s’était déjà répandue qu’il faut avoir passé par Locronan pour gagner le ciel. Une année, la fête revêtit un éclat particulier. De beaux seigneurs aux costumes somptueux, montés sur des chevaux richement caparaçonnés, débouchèrent devers Plogonnec, suivis d’une multitude de gens d’armes et précédés d’un escadron de trompettes sonnant à pleins poumons. Ils escortaient un carosse d’où l’on vit descendre une mignonnette jeune femme en coiffe du temps, juste comme la procession traversait la place. Elle était gente et accorte, avec des yeux clairs, très