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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/257

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AU PAYS DES PARDONS

comptant sur la lune pour éclairer ses pas. La lune ne se leva point. D’épais nuages venus de la mer avaient envahi le firmament. La vieille cheminait néanmoins, trébuchant dans les pierres, se cognant parfois le front aux talus. Quand elle fut au milieu des landes, elle s’arrêta ; elle ne savait plus de quel côté s’orienter dans les ténèbres. Une grande peur la prit. Elle allait renoncer à son vœu. Mais tout aussitôt une voix de pitié se fit entendre qui la réconforta.

« — Pose tes pieds où je poserai les miens », disait la voix.

Elle chercha à voir qui lui parlait de la sorte. Vainement. Elle ne distingua rien… si ce n’est deux pieds nus, d’une blancheur éblouissante, qui marchaient devant elle et qui laissaient à mesure dans le sol de lumineuses empreintes. Elle put ainsi parvenir sans encombre au terme de ses dévotions.

« — Être secourable, » s’écria-t-elle en joignant les mains, « apprends-moi ton nom, que je le bénisse jusqu’à l’heure de ma mort ! »