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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/260

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN

Tu n’es déjà plus pour elles qu’un symbole. Mais en ce canton de Cornouailles ta mémoire vit, et presque ta personne. Dans une hutte, sous des hêtres — derniers vestiges de la forêt de Névet —, des sabotiers m’ont parlé de toi comme s’ils t’avaient connue. Ils dépeignaient ton visage velouté ainsi qu’un beau fruit ; ils célébraient ta chevelure, ton sourire, ton charme, se souvenaient du timbre de ta voix. Pour un peu ils eussent juré qu’ils étaient présents à cette Troménie où tu assistas. Qui oserait, après cela, contester la magique influence de Ronan ?

On en cite des témoignages bien autrement significatifs.

Telle cette Troménie fantastique que le saint, à ce que l’on prétend, dirigea lui-même. Il pleuvait depuis la veille une pluie acharnée, et la montagne était labourée en tous sens par de véritables torrents. Le clergé décida que la procession n’aurait pas lieu, qu’elle serait différée au dimanche d’après. Cela mécontenta, paraît-il, le susceptible Ronan qui, de son vivant, ne s’était jamais préoccupé du temps qu’il faisait pour vaquer à son pèlerinage