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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/264

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN

l’esprit de la tradition primitive, — ont commencé à circuler à partir de minuit. Aussi y a-t -il déjà des gens qui reviennent, les traits un peu las, les vêtements détrempés par la rosée. Un premier calvaire se dresse au pied du mont ; sur les marches, des femmes sont assises et déjeunent d’un morceau de pain bis graissé de lard. L’une d’elles, m’interpellant au passage, me crie :

« — Inutile de vous presser. Vous arrivez trop tard. Le saint n’est plus chez lui. »

Leurs dévotions scrupuleusement accomplies, nos paysannes plaisantent volontiers. Je riposte :

« — Eh bien alors, j’irai chez Kében. »

« — Pour celle-là, vous la rencontrerez ! » m’est-il répondu. « Et même au lieu d’une, vous en trouverez cinq cents… »

Il faut savoir que le mauvais renom de la mégère de Kernévez s’est étendu, bien injustement du reste, à toutes les ménagères du quartier il a fait tache d’huile à travers les siècles.


Entre Locronan et Quéménéven
Il n’y a femme qui ne soit une Kébèn,