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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/266

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN


Au fond d’une-hutte façonnée, comme jadis celle de Ronan, de branchages entrelacés et recouverte d’un drap en guise de toiture, un homme est accroupi sur une escabelle, un glazik en veste neuve bordée d’un large galon jaune. Devant lui est une table parée à l’instar d’un autel, et, sur la table, une statuette de saint, noire, enfumée, une de ces images barbares particulièrement chères aux Armoricainss à cause de leur antiquité même. Un plat de cuivre, à demi plein de gros sous, est disposé auprès de l’icône pour recevoir les offrandes. C’est la une espèce de péage mystique établi de place en place sur tout le pourtour de la Troménie. On en compte jusqu’à soixante et soixante-dix, de ces logettes éparses aux flancs du mont. Les quatre paroisses qui avaient une portion de leur territoire comprise dans l’ancien minihy s’y font représenter non seulement par le patron de leur église, mais encore par la multitude des « petits saints » indigètes en honneur dans les chapelles locales. Et près de chacun d’eux se tient un délégué de la fabrique qui, dans un bonîment naïf, énumère ses vertus, rappelle ses miracles, vante les merveilleu-