Aller au contenu

Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
AU PAYS DES PARDONS

ses propriétés de l’eau de sa fontaine, quelquefois tend à baiser aux pèlerins des fragments de ses reliques. Le proverbe « chacun prêche pour son saint » n’a jamais été d’une application plus directe et plus littérale. Ainsi le culte de Ronan devient une source de profits pour tous les sanctuaires de la région. Il est juste d’ajouter que cet usage, d’une origine fort reculée, ne s’explique pas uniquement par des raisons de lucre. C’est une croyance répandue dans toute la péninsule que les saints d’un même canton se doivent faire visite le jour de leurs pardons respectifs. Si on ne prend soin de les y mener, ils s’y transportent, dit-on, spontanément. Des pêcheurs de la côte trégorroise m’ont affirmé avoir vu Notre-Dame de Port-Blanc se rendre par mer, la nuit, à la fête votive de Notre-Dame de la Clarté. Ne nous étonnons donc pas si les Urlou, les Corentin, les Thujen, les Thégonnec et tant d’autres thaumaturges, en perpétuelles relations de voisinage avec Ronan, délaissent momentanément leurs oratoires, à l’occasion de la Troménie, pour le venir saluer sur les limites de son domaine. Que s’ils bénéficient par