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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/271

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AU PAYS DES PARDONS

trois nuits consécutives, se couchaient sur elle, avec l’espoir de connaître enfin les joies de la maternité. On abandonne aujourd’hui ces pratiques, mais je me suis laissé dire qu’elles ne sont peut-être pas aussi mortes qu’elles en ont l’air.

Les pélerins de la Troménie se contentent, en général, de faire le tour de la pierre sacrée. Les plus dévots, néanmoins, et aussi les gens fiévreux ou sujets à des maladies nerveuses, ne manquent pas de s’asseoir dans une anfractuosité du roc, sorte de chaire naturelle sculptée par les pluies, que Ronan affectionnait en ses heures de sieste et de méditation. Il jouissait de cette place d’un des plus admirables panoramas qui se puissent contempler.

Les vieux thaumaturges de la légende armoricaine n’étaient point des ascètes moroses, des contempteurs de l’univers. Ils font plutôt songer aux richis de l’Inde. Les austérités de la vie érémitique ne fanaient en eux ni la délicatesse du sentiment, ni la fraîcheur de l’imagination. S’ils recherchaient la solitude, c’était sans doute pour se vouer plus exclusivement à Dieu, mais aussi