Aller au contenu

Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
263
LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN

démocratique, sans doute, mais il y a aussi moins de têtes fracassées et de vestes en lambeaux. La dévotion n’y perd guère et le trésor du saint y gagne quelques écus qui, joints à la subvention de l’Etat, permettront peut-être de sauvegarder l’église, sinon de rendre à la tour décapitée la flèche qu’elle n’a plus.

Le timbre de l’antique horloge paroissiale a retenti. Les cloches qui n’attendaient que la sonnerie de l’heure se mettent en branle toutes à la fois, et, des églises lointaines, des petites chapelles enfouies sous le couvert des bois, d’alertes carillons leur répondent.

Dans la baie du porche, les voici paraître, les lourdes, les vénérables bannières, avec leurs hampes énormes où se crispent les poings des porteurs. Elles s’inclinent pour franchir la voûte, balaient le sol de leurs franges, puis, mâtées à grand’peine, se tendent soudain comme des voiles prêtes à prendre le vent. Un frémissement parcourt leurs vieilles soies ; des feux jaillissent de leurs paillettes. Et l’on croit voir les saintes images cligner les paupières aux rayons du « soleil béni » que