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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/285

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AU PAYS DES PARDONS

depuis sept ans elles n’ont point affronté. La procession peu à peu s’organise. En tête s’avancent les croix de vermeil et d’argent massif, garnies de clochettes qui tintent, tintent sans fin, avec de jolies voix claires, comme autrefois la clochette en fer de Ronan. Elle est là aussi, la clochette enchantée, mais muette, immobile, clouée sur un coussin de velours, précédant de quelques pas la statue du thaumaturge. Que n’a-t-on épargné à celui-ci les ornements épiscopaux dont il se montra de son vivant si dédaigneux ? Il eût été plus beau, ce me semble, et plus nature, dans son manteau de laine sombre couleur de peau de bête, la moitié antérieure du crâne rasée, conformément au canon de la tonsure celtique, et, dans les mains, au lieu d’une crosse, son bâton de Troménieur éternel. Une longue, longue file de saints lui fait cortège. Les reliquaires suivent, minuscules arches d’or balancées dans un roulis d’épaules. En dernier lieu viennent les prêtres, et, sur leurs talons, houleuse, bigarrée, la foule se précipite.

Des tambours et des fifres donnent le signal du départ. Et, sous le soleil qui darde à pic, entre