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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/298

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SAINTE-ANNE DE LA PALUDE

glapissement guttural ; le bruit d’une respiration puissante et sauvage s’éleva, et, par une échancrure des dunes, j’aperçus l’océan. Je lui trouvai une mine rétrécie, à la fois odieuse et bête, sinistre et pleurarde.

« — Nous sommes donc arrivés ? » demandai-je à l’homme, en le voyant sauter bas de son siège.

« — Oui », me répondit-il d’un ton bref, et sans s’interrompre de siffler.

De fait, la route semblait finir là, devant un porche en ruine donnant accès dans une cour au fond de laquelle une espèce de manoir de forme primitive croulait de vétusté. On eût dit un logis abandonné. Mon entrée mit en fuite une bande de poussins. Le sol de terre battue était jonché d’outils et d’engins de toute sorte : je dus enjamber une charrue renversée le soc en l’air ; des filets de pêche séchaient suspendus aux dents d’une herse, le long de la muraille, et des hoyaux, des pioches de carriers traînaient pêle-mêle avec des rames, des poulies, des tronçons de mâts, épaves d’un récent naufrage, sentant le goudron et la saumure. Je