Aller au contenu

Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
280
AU PAYS DES PARDONS

enfoncée à demi dans le sable des dunes, un de ces vieux oratoires de la mer comme j’en avais tant vu le long de la côte, de Douarnenez à Penmarc’h, avec des murs bas, des fenêtres à ras de sol, une toiture massive et, pour ainsi dire, râblée, capable de braver pendant des siècles la colère tumultueuse des vents. Ce fut une église neuve qui m’apparut. Quand je dis neuve, j’entends de construction récente, car les choses en Bretagne prennent tout de suite un air ancien. Le granit des murs, fouetté par la pluie, avait revêtu des teintes de lave. La porte, en effet, était ouverte. J’entrai. Un intérieur nu, sans poésie ni mystère ; un jour blafard ; la propreté morne d’une maison bien tenue dont le propriétaire serait constamment en voyage ; ça et là des statues modernes, d’un goût vulgaire et prétentieux. Je ne laissai pas d’éprouver un désappointement assez vit, après toutes les merveilles qu’on m’avait contées de ce lieu de pèlerinage. J’allais sortir : une petite toux chevrotante me fit me retourner, et, dans le bas-côté méridional, j’avisai une forme humaine, repliée et comme écroulée sur elle-même, au pied d’un