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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/307

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AU PAYS DES PARDONS

Calvaire, il vint lui demander sa bénédiction, accompagné des disciples Pierre et Jean. La séparation fut cruelle : Anne pleurait des larmes de sang, et Jésus avait beau faire, il ne réussissait point à la consoler. Finalement il lui dit :

« — Songe, grand’mère, à tes Bretons. Parle ! Et, en ton nom, quelque faveur que ce soit, je suis prêt à la leur accorder. »

« La sainte alors essuya ses pleurs.

« — Eh bien ! » prononça-t-elle, « qu’une église me soit consacrée en ce lieu. Et, aussi loin que sa flèche sera visible, aussi loin que s’entendra le son de ses cloches, que toute chair malade guérisse, que toute âme, vivante ou morte, trouve son repos ! »

« — Il en sera selon ton désir, » répondit Jésus, »

« Pour mieux appuyer son dire, il planta dans le sable son bâton de route, et aussitôt des flancs arides de la dune une source jaillit. Elle coule depuis lors, intarissable qui boit de son eau, avec dévotion, sent comme une fraîcheur délicieuse