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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/306

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SAINTE-ANNE DE LA PALUDE

douce à mes yeux, de la Palude en Plounévez-Porzay ! »

« Son vœu fut exaucé. La barque de lumière la revint prendre, avec le même ange à la barre, seulement il était vêtu de noir, pour signifier a la sainte son veuvage, le seigneur de Moëllien ayant trépassé dans l’intervalle.

« Les gens du château, assemblés sur le rivage, accueillirent leur châtelaine avec de grandes démonstrations de joie, mais elle les congédia sur le champ.

« — Allez » leur enjoignit-elle, « allez, et distribuez aux pauvres tous mes biens. »

« Elle avait résolu de finir ses jours terrestres dans la pénitence. Et désormais elle vécut ici, sur cette dune déserte, en une oraison perpétuelle. L’éclat de ses yeux rayonnait au loin sur les eaux, comme une tramée de lune. Aux soirs d’orage, elle était la sauvegarde des pêcheurs. D’un geste elle apaisait la mer, faisait rentrer les vagues dans leur lit ainsi qu’une bande de moutons à l’étable.

« Jésus, son petit-fils, entreprit à cause d’elle le voyage de Basse-Bretagne. Avant de gravir le