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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/311

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AU PAYS DES PARDONS

l’église déserte, tantôt un craquement dans les boiseries de l’autel, tantôt enfin, quand il s’agit d’un grand vœu, de légères gouttes de sueur perlant lu front de la statue. En général, il n’y a de monde que le mardi, qui est le jour consacré. Le reste de la semaine, la Mère de la Palude n’a devant les yeux que ma pauvre vieille face, aussi délabrée qu’un mur en ruine. Elle me sourit néanmoins, se montre envers moi pitoyable et douce, m’encourage, me sauve des tristesses où sans elle je serais noyée. Je lui tiens compagnie de mon mieux. Je cause avec elle et il me semble qu’elle me répond. Je lui chante les gwerz qu’elle aima, son cantique, le plus beau, je pense, qu’il y ait en notre langue. Et puis, je nettoie, j’arrose, je balaie. Je recueille les poussières, j’en donne aux pèlerins des pincées qui, répandues sur les terres, activeront le travail des semences, préserveront de tout dégât le blé des hommes et le foin des troupeaux. »

Je voulus lui glisser dans la main quelques pièces de monnaie.

« — Le tronc est là-bas, » me dit-elle ; « moi,