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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/314

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SAINTE-ANNE DE LA PALUDE

dunes mêmes exultaient, et l’Océan, dans les lointains, flambait ainsi qu’un immense feu de joie. Plus près de nous, dans le repli de colline où s’épanche le ruisseau de la fontaine miraculeuse, une espèce de ville nomade s’improvisait sous nos yeux. Comme au temps des migrations des peuples pasteurs — le mot est de Jules Breton — des tentes innombrables, de toutes formes et de toutes nuances, s’élevaient, se groupaient, bombaient au vent leurs toiles bises, donnaient l’impression d’un campement de barbares, ou mieux encore, d’un débarquement d’écumeurs de mer. Beaucoup de ces tentes, en effet, s’étayaient sur des rames plantées dans le sol, et elles étaient recouvertes pour la plupart de voilures de bateaux exhibant, en grosses lettres noires, leur matricule et l’initiale de leur quartier.

À l’entour de l’étrange bourgade, les chariots, renversés sur l’arrière ; enchevêtraient leurs roues, hérissaient la plaine d’une forêt de brancards, tandis que dans les pâtis voisins les bêtes erraient à l’aventure.

Et sur tout cela planait une clameur, Un vaste