Aller au contenu

Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
304
AU PAYS DES PARDONS


Renée-Jeanne, accroupie sur un rouleau de cordages, marmonnait une série d’oraisons bizarres, sans doute des formules de conjuration contre les Esprits malfaisants des eaux. Elle esquissa de la main un geste vague, et le père Tymeur, après s’être assuré que nous étions seuls a l’écouter, commença son récit.

Voilà. L’année précédente, a pareille époque et à pareille heure, ils s’en revenaient tous deux, Renée-Jeanne et lui, vers Ploaré, par la route. Un peu avant Kerlaz, sur la droite, est le sanctuaire de la Clarté où les pèlerins de la Palude ont coutume de faire une station et de réciter une prière, parce que Notre-Dame de la Clarté passe pour être la fille aînée de sainte Anne, comme Notre-Dame de Kerlaz est sa seconde fille. Nos gens allaient franchir l’échalier de l’enclos, quand, à la faveur de la lune, ils aperçurent dans la douve un homme assis sur une espèce de boîte longue aux ais disjoints, et qui paraissait à bout de forces, car la sueur pleuvait de son front dégarni entre ses doigts extraordinairement maigres.