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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/347

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AU PAYS DES PARDONS

vers champs et peu à peu s’égrènent pour enfin disparaître derrière les lointains assombris.

Les voilures qui recouvraient les tentes gisent à terre. Marie-Ange, affairée, me crie :

« — On lève l’ancre ! On cargue ! »

Sur la plaine dévastée retombe, avec la nuit, le manteau de la solitude. Les roulottes des saltimbanques et des forains y dressent encore leurs silhouettes d’arches errantes : demain, elles auront fui à leur tour. Et la Palude, sous les premiers brouillards d’automne, va redevenir le funèbre paysage que j’entrevis naguère, peuplé seulement d’un sanctuaire abandonné et d’une ferme en ruine, en face de la mer hostile, aussi farouche, aussi indomptée que jamais.