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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/48

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SAINT-YVES, LE PARDON DES PAUVRES

roses, le geste embarrassé, les yeux méditatifs, — un mélange de paysannerie et de mysticité.

Il exista jadis, de par la Bretagne, une confrérie nomade de peintres rustiques qui s’en allaient de bourg en bourg, illustrant ainsi de motifs pieux les demeures des humbles. Médiocres barbouilleurs, pour la plupart, mais que tourmentait néanmoins un grand rêve d’idéalisme et qui, parfois, avaient d’heureuses rencontres, des hasards d’inspiration dignes du vieil Orcagna. Je crains fort que, de ces imagiers populaires, Mabik Rémond ne soit chez nous le dernier. Il est une des physionomies les plus originales de la Bretagne finissante. J’ai tenu à lui faire visite, il y a quelques mois. Sa bicoque couronne un rocher de la romantique vallée du Guindy[1], à deux kilomètres de Tréguier. Du dehors, c’est n’importe quelle masure ; à l’intérieur, c’est proprement un sanctuaire. L’autel même y est, — au bas bout de la maison, — faisant face au foyer. Au-dessus, un tabernacle en terre glaise, enjolivé d’un mirifique Saint-Sacrement. Comme meub-

  1. Le Guindy conflue avec le Jaudy, en aval de Tréguier.