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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/55

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AU PAYS DES PARDONS

est égal, mais tu vas le dessiner là, tu vas dessiner ton Sant Erwan ! »

« Aujourd’hui encore, quand je passe devant les seuils, les petits enfants s’attroupent et crient :

«  — C’est Mabik Rémond, c’est l’oiseau noir de saint Yves ! »

« — Les meilleures choses, hélas ! n’ont qu’un temps. Reste-t-il, en Trégor, reste-t-il une seule maison de marin ou de paysan qui n’ait point sur sa muraille la grande image sacrée ? Pauvre de moi, j’ai dû chercher d’autres motifs. Oh ! je sais bien, dans notre pays ce ne sont pas les saints qui manquent. En ces parages même, il en débarqua des batelées qui avaient pour pilote Lewias, et Tudual pour capitaine. Je les connais tous. Au besoin, je vous dirais leurs noms, leur histoire et la figure qu’ils ont laissée d’eux. Je puis, avec un peu de terre à briques et de noir de fumée, leur redonner un semblant de vie. On me commande : « Fais-nous tel saint, Mabik » ; et je le fais. Mais, voyez-vous, si j’étais maître de ma destinée, je ne peindrais jamais que des saint