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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/57

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AU PAYS DES PARDONS


« — Je ne l’ai pas vu de mes yeux, disait-il. Il avait été détruit pendant la Révolution par ce bataillon de vandales étampois qui a laissé dans toute notre Armorique tant de traces funestes de son passage. Mais les personnes vénérables de mon entourage en avaient retenu l’image dans leur mémoire. Elles m’en ont souvent fait la description. C’était vraisemblablement une très belle chose. Nos sculpteurs de pierre du quinzième siècle étaient des artistes ingénieux et très personnels. Il est bien regrettable qu’un tel chef-d’œuvre ait disparu. De mon temps, il n’y avait plus à la place où il s’éleva qu’une dalle en marbre rouge que je me souviens d’avoir vue. Ma mère avait sa chaise tout à côté, au pied de la chaire. Cette dalle fut enlevée depuis, quand on conçut le projet de rétablir le monument ; et l’on pratiqua des fouilles, dans l’espoir de découvrir des reliques. Croiriez-vous que l’on ne trouva rien ! Cela est à l’honneur de la probité toute bretonne de nos ecclésiastiques… Des prêtres italiens eussent infailliblement découvert quelque chose.