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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/75

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AU PAYS DES PARDONS

« — Apprenez-le moi, parrain les livres ne parlent point de ces choses. »

« — De quoi parlent-ils donc ?… En tout cas, voici. Quand Yves fut d’âge à fréquenter l’école, ses parents se trouvèrent fort embarrassés. II n’y avait pas à cette époque, dans toute la région du Trégor, un seul maître qui fût digne de lui donner des leçons. À Yvias[1], il y en avait un, très savant. Mais c’était là-bas, au fin fond du Goëlo, à huit lieues du Minihy. Et Azou du Quinquiz ne voulait mettre son fils en classe qu’à la condition qu’il prendrait tous ses repas au milieu des siens et qu’il rentrerait coucher au logis, chaque soir. L’idée de se séparer de lui complètement lui était trop cruelle. D’autre part il importait de le faire instruire au plus vite, pour qu’il devînt un grand saint. Yves s’aperçut que sa mère avait de longues heures de tristesse et finit par lui demander la cause de son chagrin.

« — Ce n’est que cela ! » s’écria-t-il. « Ficelle-moi mon abécédaire et mon catéchisme. Demain matin,

  1. Cette légende est probablement née d’un rapprochement établi par la logique populaire entre le nom d’Yves et celui d’Yvias.