Aller au contenu

Page:Le Ménestrel - 1894 - n°36.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
LE MÉNESTREL

vent-Garden, les cent trente mille livres sterling (3 millions 250.000 fr.) exigées par le propriétaire et que M. Harris ne se montre pas disposé à payer.

— Un statisticien anglais s’est amusé à compter les concerts qui ont eu lieu dans son pays pendant l’année dernière. On se sent pris de vertige rien qu’en transcrivant ses chiffres : Cent quarante-huit mille six cent quarante-cinq concerts ont été annoncés dans les journaux anglais. Ces annonces ont couvert neuf millions 543.280 lignes et il faudrait quatre-vingt-quinze mille cent trente-deux heures ou trois mille neuf cent soixante journées de travail pour les écrire à la main. Où s’arrêtera la folie de la statistique ?

— À Berlin on vend de la musique au poids, ainsi que nous l’avons fait connaître ; à Londres, c’est au mètre qu’elle se débite. En effet, on lit dans le catalogue de la célèbre société coopérative Army and Navy : « Musique pour « pianista » : quatre pences et demi (45 c.) le pied. L’acheteur est informé qu’une valse mesure de trente à quarante pieds de longueur. Nous serions curieux de savoir à combien reviendrait un opéra, le prix étant établi par kilomètre !

— Le carillon de la Bourse (Royal Exchange) de Londres, un des plus parfaits du monde, sera prochainement l’objet de réparations importantes, conformément aux décisions prises par les magistrats de la Cité. Ce carillon, qui est composé de quinze cloches, a été inauguré en 1844 ; depuis quelques années, il donnait des signes de dérangement inquiétants. Son répertoire est composé de quatre airs : 1o God save the Queen ; 2o The Roast Beef of Old England ; 3o Rule Britannia ; 4o Hanover.

— L’orchestre Seidl vient de donner un beau festival d’œuvres françaises à Brighton Beach, près de New-York. Au programme figuraient le ballet du Cid, de M. Massenet, les valses de Coppélia, de Sylvia et du Pas des Fleurs de Delibes, l’Aubade printanière de Lacombe et des compositions diverses de Bizet, Gounod, Chabrier, Saint-Saëns, Berlioz et Gillet.

— L’Opéra de Montréal rouvrira ses portes le 1er octobre. La saison sera consacrée à l’opéra-comique et à l’opérette, et le répertoire comprendra des ouvrages tels que Mignon, Carmen, Faust, les Dragons de Villars, les Brigands, Barbe-Bleue, la Belle Hélène, Orphée aux Enfers, le Petit Faust, etc. L’orchestre reste sous la direction de M. Dorel.

PARIS ET DÉPARTEMENTS

Nous avons publié dans son entier le texte de l’arrêté du ministre de l’instruction publique relatif aux réformes introduites dans l’enseignement du Conservatoire. Voici un tableau synoptique qui résume on ne peut mieux et fait parler aux yeux les détails de la situation telle qu’elle résulte de cet arrêté :

CLASSES ÂGE D’ADMISSION NOMBRE DURÉE
minimum
au
1er oct.
maximum
au
1er oct.
de
classes
maximum
d’élèves
par classes
maximum
des études
1 2 3 4 5
ans ans ans
Solfège (instrumentistes) [hommes et femmes] 9 13(1) 12 12» 4
Harmonie (hommes et femmes) 22 6 12 5
Accompagnement au piano (hommes et femmes) 18 1 10
Orgue et improvisation 18 1 10
Chant. hommes 18 26 8 10 4
femmes 17 23
Piano [hommes et femmes] 9 18 5 12 5
Piano (classes préparatoires) [hommes et femmes] 14 5 10 3
Harpe (hommes et femmes) 18 1 5
Violon, alto 18 5
Violoncelle 20 2
Contrebasse 22 1
Violon (classes préparatoires) 14 2 3
Flûte, hautbois, clarinette 18 1 pr inst. 5
Basson, cor, cornet à pistons, trombone 23 1 pr inst.-
Déclamation dramatique hommes 16 24(2) 6 3
femmes 14 20
(1) Il est dérogé à cette règle en faveur des élèves suivant déjà une classe de chant ou d’instrument.
(2) Après 21 ans, les aspirants justifieront qu’ils ont terminé leur service militaire actif.

— Venant d’Aix-les-Bains, M. Ambroise Thomas a passé hier par Paris, se rendant dans ses îles d’Hyères. Il est reparti dès aujourd’hui dimanche en superbe santé.

— La Société des compositeurs de musique met au concours pour l’année 1894 :

1o Un quatuor pour deux violons, alto et violoncelle. — Prix unique de 100 francs, offert par la société.

(Les parties séparées devront être jointes au manuscrit.)

2o Une œuvre symphonique développée pour piano et orchestre. — Prix unique de 500 francs (fondation Pleyel-Wolff).

3o Une scène pour une voix, avec accompagnement de piano. — Prix unique de 200 francs, reliquat du prix de 500 francs offert en 1893 par M. Ernest Lamy, et dont une partie a été distribuée à titre de prime attachée à deux mentions honorables.

On devra faire parvenir les manuscrits avant le 31 décembre 1894, à M. Weckerlin, archiviste, au siège de la société, 22, rue Rochechouart, maison Pleyel, Wolff et Cie. Pour tous renseignements, s’adresser à M. D. Balleyguier, secrétaire général, impasse du Maine, 9.

— De notre confrère Nicolet du Gaulois : « Nous avons dit dernièrement que M. Félix Mottl, l’éminent chef d’orchestre de Carlsruhe, avait l’intention de venir donner à Paris une série de représentations d’œuvres exclusivement empruntées au répertoire de Berlioz et de Wagner. Le programme de cette intéressante tentative artistique est dès maintenant définitivement arrêté, pour cette année du moins. Berlioz en fait tous les frais : la Prise de Troie, les Troyens à Carthage, Benvenuto Cellini seront successivement représentés, du 15 mars au 15 avril prochain, sur la scène de la Gaîté, selon toute apparence. Chacune de ces pièces ne sera donnée que deux fois, quel qu’en ait été le succès auprès du public. M. Xavier Leroux, l’excellent musicien, est, en l’absence du capellmeister, chargé de la direction artistique de l’entreprise. Les auditions pour la formation des chœurs et de l’orchestre auront lieu du 20 au 30 septembre. Aussitôt ses engagements terminés, M. Leroux — qui sait déjà les trois partitions de Berlioz par cœur — ira passer un mois auprès de M. Mottl pour prendre ses mouvements. Les études commenceront dans la seconde quinzaine de janvier. En 1896, viendra le tour de Wagner avec la Tétralogie, les Maîtres Chanteurs, Tristan et Yseult Rien n’est encore signé avec M. Debruyère au sujet de la location de la salle ; mais, si les pourparlers actuellement engagés n’aboutissaient pas, il n’y aurait de changé que le lieu de ces représentations qui seraient données soit à l’Éden, soit à la Porte-Saint-Martin. »

— L’Opéra-Comique a effectué une excellente réouverture avec Mignon, interprétée par Mlles Wyns et Leclerc, MM. Clément, Belhomme et Carbonne. Belle salle et belle recette. Notre collaborateur Arthur Pougin parle plus haut de la reprise de Falstaff’, avec l’excellent Fugère. Au courant de la semaine, nous aurons celle de Manon, pour les débuts de Mme Bréjean-Gravière et de MM. Leprestre et Isnardon. M. Massenet a passé à Paris quelques jours de cette semaine, pour donner toutes ses indications à ses nouveaux interprètes. Enfin, on a commencé les études de Paul et Virginie, avec la distribution suivante, que nous mettons en regard de celle de 1876 :

1876 1894
Paul MM. Capoul. MM. Clément.
Dominique MM. Bouhy. MM. Bouvet.
Sainte-Croix MM. Melchissédec. MM. Fugère.
Virginie Mmes Ritter. Mmes Saville.
Mmes Engally. Mmes Delna.

— D’après une note qui court les journaux, M. Bourgeois ne reprendrait décidément plus son bâton de deuxième chef d’orchestre à l’Opéra-Comique. Il serait remplacé par M. Landry, un excellent musicien qui a déjà fait ses preuves. Accueillons sous réserve d’autres projets de réforme que l’on prête à M. Carvalho. Il serait question de doter l’Opéra-Comique de trois chefs d’orchestre ayant chacun une autorité égale. Deux chefs d’orchestre s’occuperaient des ouvrages nouveaux, et le troisième des opéras du répertoire. MM. Danbé et Jehin seraient chargés de la première catégorie d’ouvrages lyriques, M. Vaillard conserverait la seconde. Ce nouveau système serait absolument imité de celui qui existe actuellement à l’Opéra. On ajoute que si M. Danbé n’acceptait pas cette nouvelle combinaison, M. Gabriel Marie ou M. Flon, le jeune chef d’orchestre du théâtre de la Monnaie, serait dès à présent désigné pour le remplacer.

— Le théâtre lyrique de la Galerie Vivienne, dont la salle vient d’être entièrement remise à neuf, prépare activement sa réouverture. Indépendamment de ses représentations des mardi, jeudi et samedi de chaque semaine, l’administration compte donner, le dimanche, des soirées populaires d’opéras-comique. Le spectacle de réouverture se composera de la reprise de Ma tate Aurore, de Boieldieu, du Divorce de Pierrot, de MM. A. Lénéka et Gandrey, musique de M. N. T. Ravera, deux grands succès interrompus en pleine vogue, et de Rose et Colas, opéra-comique en un acte de Monsigny, véritable bijou musical. Puis viendront l’Éclair, d’Halévy, Marie, d’Herold, Falstaff, d’Adam, les Voiture versées, de Boieldieu, l’Épreuve villageoise de Grétry, et de nombreuses œuvres inédites de compositeurs modernes. Notre confrère André Lénéka resta chargé du secrétariat général et des rapports avec la presse. — Les auditions d’artistes de chant auront lieu à partir du 16 septembre, au théâtre.

— D’Aix-les-Bains : « M. Ambroise Thomas qui, avec sa famille, assistait à la première représentation d’Hamlet au théâtre de la Villa des Fleurs, y a été l’objet d’une magnifique ovation. À la fin du deuxième acte, M. Nerval, administrateur de la scène, s’est avancé vers la rampe et a offert à l’illustre compositeur français une superbe lyre de fleurs au nom de la direction et du personnel artistique. Le public a acclamé longuement M. Ambroise Thomas. L’interprétation d’Hamlet a été triomphale pour la charmante Mlle Thiéry et pour l’orchestre, dirigé par M. Brunel. On a également très applaudi Mlle Bossy, MM. Layolle, Hyacinthe et Sylvain, ainsi que Mlle Nercy et le corps de ballet. Cette belle soirée fait honneur à l’intelligente administration de M. Sammarcelli et à M. Fernand Landouzy, directeur artistique de la villa des Fleurs.

— Extrait du journal l’Avenir d’Aix-les-Bains : « Lundi dernier, M. Ambroise Thomas honorant de sa présence le grand concert symphonique du