Aller au contenu

Page:Le Ménestrel - 1896 - n°40.pdf/5

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
317
LE MÉNESTREL

J. Claretie, de l’Académie française ;

J. Le maître, de l’Académie française ;

Got, professeur honoraire au Conservatoire ;

Mounet-Sully, sociétaire de la Comédie-Française ;

Worms, professeur au Conservatoire.

Et le professeur de déclamation qui sera élu par ses collègues.

Le chef du secrétariat du Conservatoire national de musique et de déclamation remplira les fonctions de secrétaires.


Les membres du conseil supérieur d’enseignement sont nommés ou élus pour trois ans.

C’est le ministre qui le convoque. Il se réunit aussi souvent que les circonstances l’exigent, et une fois au moins tous les trois mois pendant la durée de l’année scolaire.

Les deux sections de musique et de déclamation se réunissent en assemblée plénière toutes les fois qu’il s’agit de questions communes aux deux ordres d’enseignement et relatives à l’intérêt général du Conservatoire.


Il y a un jury pour chaque section d’enseignement. Ces jurys sont ainsi composés :

1o Pour la musique :

Les membres de droit du conseil supérieur d’enseignement.

Quatre membres du conseil d’enseignement, désignés par leurs collègues.

Quatre membres étrangers au Conservatoire, nommés par le ministre.

Le professeur titulaire de la spécialité.

2o Pour la déclamation dramatique :

Les membres de droit du conseil supérieur d’enseignement.

Les membres du conseil supérieur d’enseignement et les professeurs de déclamation.

Les jurys d’admission ne sont nommés que pour un an.


Outre ce conseil et ces jurys, il a été institué un comité d’examen des classes, qui doit être nommé par le ministre pour chaque section de l’enseignement.

Chaque comité d’examen se compose :

1o Pour les études musicales :

Des membres de droit du conseil supérieur d’enseignement.

De trois membres du conseil supérieur d’enseignement désignés par leurs collègues.

De six membres nommés par le ministre, choisis parmi les professeurs titulaires du Conservatoire et, pour moitié au moins, parmi les artistes étrangers à l’école. Ces six membres sont renouvelables par tiers tous les deux ans.

Les professeurs du Conservatoire ne peuvent faire partie du comité appelé à examiner les élèves de leur classe ou les élèves des classes du même enseignement.

2o Pour la déclamation dramatique :

Des membres de droit du conseil supérieur d’enseignement ;

Des membres du conseil supérieur d’enseignement, moins les professeurs et de quatre membres nommés par le ministre.


Ces quatre membres sont : MM. Ginisty et Antoine, directeurs de l’Odéon, qui ne compteront que pour une voix ; MM. Jules Barbier, Henri Lavedan et Georges de Porto-Riche, auteurs dramatiques.

Le conseil supérieur se réunira pour la première fois le 12 octobre, sous la présidence du ministre. Il aura à désigner ce jour-là, à la nomination du ministre, le successeur de M. Delaunay au pose de professeur de déclamation. Il paraît probable que ce sera M. Le Bargy.

Trois autres postes de professeur sont vacants dans la section musicale, par suite de la démission de M. Massenet, de la nomination de M. Théodore Dubois comme directeur du Conservatoire, et de la mort de M. Delahaye, professeur d’accompagnement. C’est également le conseil supérieur qui devra examiner les demandes déjà formées et soumettre son choix au ministre.


NOUVELLES DIVERSES


ÉTRANGER

De notre correspondant de Belgique (1er octobre). — Tous les débuts n’ont pas encore eu lieu jusqu’à ce jour, à la Monnaie ; il est très rare que l’on ait attendu, pour connaître tous les nouveaux venus de la troupe, aussi longtemps que cette année. C’est ainsi qu’il nous reste à voir encore Mlles Jane Harding, Holmstrand et Mauzié ; il court même au sujet des débuts de la première des bruits étranges, d’après lesquels Mlle Harding ne paraîtrait pas devant le public bruxellois ; toujours est-il que son apparition, annoncée plusieurs fois, a été retardée, et que maintenant on n’en parle même plus. — Quoi qu’il en soit, une autre débutante s’est montrée il y a quelques jours, Mlle Gianoli ; elle arrivait obscurément, sans que l’on sût grand’chose et sans qu’on eût attiré sur sa personnalité beaucoup l’attention. La surprise a été vive et charmante. Mlle Gianoli a chanté Carmen d’une façon remarquable, avec une très jolie voix et en artiste vraiment peu ordinaire ; de plus, la femme est tout à fait gracieuse, et la comédienne vaut la cantatrice. C’est dire que son succès a été très grand et très mérité, et d’autant plus grand qu’il était inattendu. Mlle Gianoli est une Genevoise ; elle a chanté, dit-on, à Genève, Werther ; cela nous donne l’espoir qu’elle jouera ici l’œuvre de Massenet, dont la reprise avec elle serait certainement excellente. En tout cas, je crois que la direction peut compter sur elle cet hiver, car c’est assurément la meilleure des acquisitions nouvelles qu’elle ait faites.

À part la représentation un peu imprévue d’un sémillant et gentil petit acte de Poise, les Deux Billets, agréablement enlevé par Mlle Maubourg, MM. Gilibert et Caisso, on n’est pas encore sorti, à la Monnaie, du répertoire courant. Il y aura cependant quelque curiosité à entendre la semaine prochaine Roméo et Juliette avec Mme Landouzy, qui n’a jamais chanté encore le rôle de Juliette. Quant aux « nouveautés » promises, on en est aux études. C’est Don César de Bazan de Massenet, qui paraît tenir la corde ; on le répète régulièrement, et le maître, arrivé hier à Bruxelles, vient d’en faire lui-même la lecture aux artistes. La préparation de Fervaal, très laborieuse, paraît-il, se poursuit doucement. Pour le reste, rien ne transpire.

Nous avons eu dimanche dernier, au Palais des Académies, une solennité importante, agrémentée d’une primeur musicale : la célébration du cinquantenaire des télégraphes belges. Outre les discours d’usage par le ministre des chemins de fer et le directeur général de l’administration des postes, on a entendu une cantate écrite pour la circonstance par M. Paul Gilson, notre jeune et talentueux compositeur à la mode, sur des paroles de M. Arnold Goffin. Célébrer dans une forme musicale « la conquête de l’électricité par le génie humain et son asservissement au progrès » n’était pas chose facile. Le poète s’y est appliqué du mieux qu’il a pu, en comparant la télégraphie à une « harpe immense aux mille fils » ; dans la pensée du poète, les fils de la harpe représentaient, non sans ingéniosité, les fils du télégraphe ; au besoin, ils auraient pu figurer des « portées » musicales, sur lesquelles se fussent accrochées les notes de M. Gilson. Celui-ci, qui est un wagnérien déterminé, s’est attaché naturellement à caractériser par des motifs conducteurs, sinon, comme quelques-uns l’ont cru, les différents systèmes de télégraphie qui se sont succédé depuis le commencement du siècle, tout au moins la lutte de la volonté humaine contre l’élément, très reconnaissable, paraît-il, dans le fracas des cuivres et le soubresaut des cymbales, — le tout couronné par une sorte de chant populaire, au rythme franc et large, disant la joie et la reconnaissance des peuples envers l’appareil Morse. Telle est, m’a-t-il semblé, la signification de l’œuvre. Beaucoup de gens ont essayé d’y découvrir plus encore ; je ne crois pas que le but du compositeur ait été de démontrer davantage, mais simplement d’écrire une partition sonore et brillante, très touffue, avec un très long prélude instrumental, des sonorités d’une belle plénitude et de grands éclats de voix, l’ensemble de tout cela formant un compromis habile entre ses principes esthétiques et la nécessité de plaire malgré tout au personnel des postes.

La cantate de MM. Goffin et Gilson, très bien exécutée par un orchestre fourni, des chœurs bien stylés et des solistes vaillants, MM. de Backer et Douy, a été acclamée chaleureusement et suivie d’une ovation reconnaissante aux deux auteurs.

À propos de M. Paul Gilson, dont la science d’harmonisation s’utilise volontiers à faire revivre d’anciens vestiges de notre littérature musicale, très riche et très curieuse, voici une nouvelle qui n’est pas sans intérêt et qui réjouira les amateurs d’archéologie : Les vieux Bruxellois savent que Janneke et Mieke, Mon Oncle et Ma Tante, et le Grand Turc, nos bons géants communaux, sont traditionnellement précédés, lorsqu’ils figurent dans quelque cortège ou « cavalcade », d’un tambour et d’une petite flûte qui exécutent une sorte de musique primitive, dont le rythme oblige les géants, ou plus exactement les vaart-capoenen qui les portent, à cadencer leur marche. Les airs exécutés par la petite flûte et le tambour qui l’accompagne sont la reproduction plus ou moins altérées des thèmes conservés dans nos archives de l’ancienne marche des Serments et de la retraite communale, c’est-à-dire de deux airs communaux du temps jadis. Or, les édiles de Bruxelles ont pensé qu’il serait intéressant de ressusciter en quelque sorte ces dontjes dont le souvenir ne s’est guère perpétué que dans le monde des débardeurs, et, sur la proposition de leur très distingué chef de division, M. Lepage, échevin de l’instruction publique et des beaux-arts, a chargé M. Paul Gilson d’harmoniser ces vieux airs. L’artiste vient de terminer son travail, qu’il a admirablement réussi, et sous peu de jours M. Fritz Sennewald, l’excellent chef de l’harmonie communale, fera entendre aux concerts du Parc la marche des Serments et l’air de la retraite, qui ne tarderont probablement pas à devenir les airs obligés de tout cortège de société bruxelloises. Au besoin, on ne verrait pas grand mal à ce qu’ils remplaçassent notre odieuse Brabançonne nationale.

La saison des grands concert d’hiver s’ouvrira de bonne heure, cette année. Nous aurons tout d’abord le 18 de ce mois, à l’Alhambra, un