Aller au contenu

Page:Le Negre du Narcisse, trad. d Humieres, Gallimard 1913.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Va-t’en d’ici, barytonna Wait, courageusement.

— Prie avec moi !…

— Je ne veux pas !…

Une chaleur de four régnait dans la petite cabine. Elle contenait une immensité de peur et de souffrance, une atmosphère de cris et de plaintes, des prières vociférées comme des blasphèmes et des malédictions étouffées. Dehors, les hommes appelés par Charley qui les informa en accents réjouis qu’une dispute se poursuivait chez Jimmy, se pressaient devant la porte close, trop surpris pour ouvrir. Tout l’équipage était là. Le quart relevé s’était précipité en chemise sur le pont comme après un abordage. Des hommes montés en courant demandaient : « Qu’est-ce que c’est ? » D’autres disaient : « Écoute ! » Les clameurs assourdies continuaient de plus belle :

— A genoux ! A genoux !

— Tais-toi !

— Jamais ! Tu m’appartiens… On t’a sauvé la vie… Dessein de Dieu… Miséricorde… Repens-toi !

— Tu es un toqué d’idiot !

— J’ai compte à rendre de toi…, de toi… je ne fermerai plus l’œil en ce monde si je…

— Assez !

— Non ! La fournaise, penses-y !

Puis un déblatèrement aigu, passionné, de mots sonnant comme une grêle :

— Non ! cria Jim.

— Oui. C’est sûr ! Rien à faire… Tout le monde le dit.

— Tu mens !

— je te vois mort à cette heure… devant moi… Tu ne vaux pas mieux.

— Au secours ! fit Jimmy d’une voix perçante.