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Page:Le Negre du Narcisse, trad. d Humieres, Gallimard 1913.djvu/185

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— Prends, dit une fois de plus le capitaine Allistoun, avec un geste de menace.

Donkin s’arracha un bras du flanc contre lequel il le serrait.

— Pourquoi qu’vous me cherchez ? marmonna-t-il avec effort, comme s’il avait la bouche pleine de bouillie.

— Si tu ne te presses pas… commença le patron.

Donkin empoigna le cabillot comme s’il allait s’enfuir avec et resta sur place, le tenant comme un cierge.

— Remets-le où tu l’as pris, dit le capitaine avec un regard courroucé.

Donkin recula, les yeux écarquillés.

— Va, coquin, ou je t’y aiderai, cria le maître en le forçant à battre lentement en retraite devant une avance menaçante.

Il para, tenta de préserver sa tête avec la dangereuse ferraille au bout de son poing levé. M. Baker cessa de grogner un moment.

— Bien joué, by Jove, murmura M. Creighton, d’un ton de connaisseur averti.

— Ne me touchez pas, jappa Donkin en rompant.

— Alors, va. Va plus vite.

— Ne me touchez pas, ou je vous cite en justice.

Le capitaine Allistoun fit un grand pas, et Donkin, tournant le dos en plein, courut quelques mètres, puis s’arrêta et par-dessus l’épaule montra des dents jaunes.

— Plus loin, haubans d’avant, commanda le capitaine, le bras tendu.

— Allez-vous donc rester là à me voir brimer ? cria Donkin à l’équipage taciturne qui l’observait.

Le capitaine Allistoun marcha sur lui résolument. Il fila de nouveau d’un bond, fonça sur les haubans d’avant, logea violemment le cabillot dans son trou.