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Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/311

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Je vole aux destins qui viendront,
Comme un navire à pleines voiles ;
Et je crois toucher les étoiles
Dont la poussière est sur mon front !

J’entends à peine le murmure
De la misère & de l’erreur,
Qui s’agitent avec terreur
Sous cette fourmilière obscure.

Calme dans ma sécurité,
Je berce ainsi ma vie entière,
Rêvant au bord d’une gouttière,
Quand le vide est à mon côté !

Mais surtout dans ma somnolence
Ne m’éveillez pas, mes amis !
Je suis parmi ces endormis
Qu’il faut laisser à leur silence !

Je veux aller — je ne sais où :
Mais si vos voix troublaient mon somme,
Je tomberais comme un pauvre homme,
Et je me casserais le cou !