Page:Le Parnasse libertin ou Recueil de poésies libres, BnF Enfer-729, 1769.djvu/85

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Plus que les hommes & Dieux,
Et mille fois plus que moi-même
Je brûle d’une vive ardeur ;
Et cette nouvelle froideur
Ne doit pas vous paroître étrange ;
Je ſçais bien comme il faut aimer ;
Mais pour m’ôter des bras d’un Ange
Un Diable eſt venu me charmer.

15.

Quelque ennemi de la nature
Trouble mes ſens & ma raiſon ;
Et de ſon funeſte poiſon
Souille une flâme toute pure.
Peut-être auſſi ſont-ce les Dieux,
Qui ſe voyant moins glorieux,
M’ont voulu rendre miſérable ;
Mais que dis-je ? Ils ſont innocens,
Cloris toute ſeule eſt coupable,
Elle ſeule a charmé mes ſens.

16.

C’eſt ſa beauté qui dans mon ame
A joint le reſpect à l’amour ;
C’eſt ſon œil plus beau que le jour
Qui fit naître & mourir ma flâme :
Heureux dans ma captivité,
Si j’oſois avec liberté
Jouir d’une grâce imprévue,