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Page:Le Parnasse libertin ou Recueil de poésies libres, BnF Enfer-729, 1769.djvu/94

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Reçoit l’amour d’un Favori ;
Ces noms de Vieux & de Mari
Font l’horreur d’une jeune femme :
Les Maris, ces lâches Tirans,
Ne ſe ſont faits nos conquérans
Que contre le droit de nature,
Et c’eſt en pratiquer la loi,
D’aller chercher la nourriture
Que l’on ne trouve pas chez ſoi.

37.

Mais les hommes font infidéles,
Ils n’aiment jamais plus d’un jour,
Et ſouvent de tout leur amour
Ils ne retiennent que les aîles.
Eſclaves de la liberté,
Ils font voir leur légéreté
Dans leur geſte, ou dans leur langage,
Et par un plaiſir indiſcret,
Ces oiſeaux ſortant de la cage
Vont conter tout ce qu’ils ont fait.

38.

Trop juſte & trop aimé Liſandre,
S’il en étoit ainſi de vous,
Je percerois de mille coups
Ce cœur qui s’eſt laiſſé ſurprendre.
J’ai tout perdu pour vous gagner,
Voudriez-vous pour me ruiner