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Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/209

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ascendante, où chaque échelon marque un progrès de richesse et de puissance ; mais, pour la Chine comme pour les autres États prospères, l’intervalle qui sépare deux échelons consécutifs correspond à une époque de corruption suivie d’une époque de réforme. À ces époques de crise, la Chine n’a guère connu les révoltes formelles contre Dieu, qui désolent aujourd’hui l’Occident ; les sciences de la nature n’ont point été opposées à la science sociale, parce que les sages qui enseignent cette dernière, ayant dans la vie privée des racines nombreuses et profondes, n’ont pu s’écarter de leur mission, comme l’ont fait parfois, notamment lors de la Renaissance, les clergés européens. Au contraire, en Chine comme ailleurs, les deux autres formes de corruption ont pris un développement sans bornes. Les marchands, accumulés dans des villes immenses, ont abusé de leur richesse et dépravé les mœurs de la population qui les entourait ; les gouvernants, enivrés de leur pouvoir, ont fait naître successivement, chez le peuple, la souffrance, la désaffection, la révolte. Les ministres de la dynastie actuelle, notamment, ont commis le plus grand des crimes : ils ont tenté de substituer la tyrannie de l’État aux libertés de la famille. Je ne m’arrête point à ce crime, qui n’est que trop connu des Français, qui est poursuivi, contre