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Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/244

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étaient dans cette situation d’esprit. Je la retrouve journellement chez les hommes de science. Absorbés dans leur spécialité, étrangers aux affaires et aux devoirs généraux qui, seuls, développent l’intelligence de la vie sociale, ils deviennent peu à peu incapables de comprendre les vérités fondamentales de la Constitution essentielle. Ils sont donc conduits à les nier dans les rapports qu’amène l’intimité du voisinage. Ceux qui se distinguent par la passion du vrai et l’activité de l’esprit sont, faute d’un enseignement préalable, choqués par l’affirmation journalière des vérités traditionnelles. Ils sont peu disposés à admettre les lois du monde moral, affirmées par des hommes qui ne connaissent pas les lois du monde physique. D’un autre côté, ils sont frappés des souffrances qui débordent autour d’eux, et ils les attribuent à l’état d’ignorance dans lequel se complaisent souvent ces hommes de tradition. Aussi, dès qu’ils ont aperçu le mal, ils en cherchent le remède, bien qu’ils soient eux-mêmes étrangers à la pratique de la vie sociale. Leur attention se porto alors naturellement sur les faits qu’ils connaissent le mieux. Ils voient les ressources merveilleuses dont dispose maintenant l’esprit humain pour découvrir les lois du monde matériel. Ils savent que ces lois, appliquées au régime du travail, ont centuplé récemment les moyens de subsistance et la force intellectuelle