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Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/245

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des sociétés. Malheureusement, ils n’ont point eu l’occasion de constater les défaillances morales qui sont trop souvent la contre-partie des aptitudes intellectuelles. Ils ignorent que la source incessante du mal est précisément l’abus de la richesse et de la force, produits habituels de l’intelligence. Par la ponte, naturelle de leur esprit, ils concluent donc à une série logique d’erreurs, savoir : à la perfection originelle de l’homme, au progrès continu des sociétés, puis enfin au mépris de la tradition, à la révolte contre la Constitution essentielle de l’humanité.

C’est ainsi que naissent et se développent les erreurs desquelles dérive la souffrance de notre temps. Malgré leurs talents et leurs bonnes intentions, les maîtres des trois doctrines suscitent progressivement, dans le cercle croissant de leur influence, des idées, des sentiments, des mœurs et des institutions qui n’ont jamais pu se concilier avec le bonheur ou, en d’autres termes, avec la stabilité et la paix d’une race d’hommes. Ils provoquent l’avènement d’un ordre de choses où la négation de la vérité se montre déjà plus dangereuse que ne le fut, dans le passé, la révolte contre la vertu. Le mal actuel se manifeste d’ailleurs par des caractères saisissants : toutes les activités sociales se privent elles-mêmes des satisfactions que procurent les deux besoins es-