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ciales ». Sous tous les régimes sociaux, quand leurs voisins cèdent aux entraînements provoqués par les alternances de succès et de revers, ces hommes restent fidèles aux sentiments et aux coutumes de leurs ancêtres. Ils conservent au foyer domestique et à l’atelier de travail la stabilité et la paix, c’est-à-dire les deux grands symptômes du bonheur. Même au milieu des catastrophes, ils transmettent aux générations nouvelles les bons exemples qui peuvent ramener les nations souffrantes à la prospérité.

En 1796, M. Amand Mame fondait rétablissement et se mettait courageusement à imprimer, dans les conditions de bon marché imposées par les circonstances, de bons livres pour les écoles et les églises qui se rouvraient au début du siècle. Les exemples d’énergie et de persévérance qu’il donnait à son fils furent pour celui-ci la meilleure des écoles. En 1831 et en 1833, le fondateur s’associait successivement son gendre et neveu, M. Ernest Mame, puis son fils, M. Alfred Mame. Quinze années de travail et de progrès assurèrent l’avenir de l’entreprise. En 1845, M. Alfred Mame resta seul à la tête de cette industrie, qu’il connaissait dans tous ses détails et dont il devait porter si haut la destinée. Le modeste établissement créé par son père et que son fils, à son tour, l’aide maintenant à diriger, est devenu « la plus vaste fabrique de livres du monde ». Sa production dépasse 20.000 volumes par jour, et il emploie environ 1.000 ouvriers, sans compter le personnel des industries qui l’alimentent. Le rêve de M. Alfred Mame était de fabriquer « tout un livre »,