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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/101

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se dirigèrent vers moi, venant de droite et de gauche. Et je lus l’intention agressive dans l’enfoncée des deux mains droites au fond de poches où je devinais deux revolvers armés.

La minute fut tragique. D’un coup je pris connaissance de tout mon horizon, assez bref. Les deux individus s’approchaient à pas courts, par prudence et afin de ne point me donner l’éveil. Moi, je venais de franchir une porte à tambour, fermée sur mon dos, et je me trouvais presque immobile. À vingt pas, sur l’avenue, une file de cinq ou six camions militaires arrivait cependant à grand bruit de moteurs.

Je tirai mon porte-cigares, et pris une cigarette cubaine à bout rouge. Les deux hommes avaient ralenti. Ils guettaient le moment où je serais distrait et les deux mains en l’air, pour me sauter dessus.

Le premier camion arrivait. Sautant alors en avant comme un coureur olympique, je m’élançai, calcul fait, devant l’énorme auto. Je passai si près que mon pied gau-