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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/105

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Elle se tourna passionnément vers moi :

— Pars, Paul. Je serai chez toi dix minutes au plus après toi. Ou mieux, attends-moi sur le trottoir, devant la maison !

Le ton était si objurguant que je pliai. Il fallait donner à cette femme les mêmes droits qu’à un ami fidèle, robuste et sûr de lui.

J’appelai le maître d’hôtel, jetai deux billets de cent francs sur la nappe, puis me levai. D’un pas saccadé je gagnai la porte avec une envie atroce de me retourner vers l’inconnu, ou même de revenir à ma place. Je n’y succombai pas. Je pris mon pardessus, descendis les escaliers et fus dans la rue. Dix autos attendaient, rangées au bord du trottoir par files de deux. Je faillis regarder si dans une d’elles ne guettait pas la femme aux mollets sveltes et haut découverts que Rubbia suivait du regard tout à l’heure.

Je ne le fis point. D’abord je marchai un peu, puis craignant d’être suivi, je m’embusquai dans un coin obscur. Une voiture