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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/157

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— Sans verge ?

Elle éclata d’un rire sonore et amusé. Sa joie était la chose la plus exquise que, de ma vie, j’aie connue. Elle y apportait un enthousiasme grandiose et plein. Elle riait comme elle aimait, de toutes ses forces, dans un abandon total. Et cela se faisait sans disgrâce, sans tortillements et grimaces, avec une eurythmie dont le souvenir me brûle encore.

L’après-midi, je partis donc pour mettre au point notre retraite de Russie. J’eus soin d’inspecter la porte, avant de la refermer, avec une extrême minutie. Je n’eus pas tort. À trois centimètres du sol, dans la plinthe, une aiguille était fichée, pointe en avant, sur laquelle mon pied avait chance de venir buter. Comme elle était très aiguë et prodigieusement mince, cela eut traversé d’un coup le cuir des souliers. Je ne mis point en doute que cette aiguille fut subtilement empoisonnée, et la brisais d’un coup de talon.

Pour fuir toute poursuite ou la décou-