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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/156

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Par conséquent, je ne jugeai pas utile de lui dire la dernière et si astucieuse tentative d’assassinat subie en sortant de chez moi. Ma décision prise, je fus allégé d’autant. Comme notre fuite devenait une opération extrêmement curieuse et pleine d’écueils, elle méritait de me passionner dorénavant.

Je retrouvai Rubbia d’une humeur toujours égale. Elle lisait un roman et me regarda de près avec une attention que je devinai être une sorte d’expertise.

— Tu n’as rien, Paul ?

— Rien, que mon amour pour toi, Rubbia.

— Est-ce vraiment tout ce que tu contiens ?

— J’ai de la peine à le contenir tout entier. Il est grand.

Elle rit.

— Les amants sont portés à l’illusion.

— Je ne suis pas poète, pourtant !

— Tu es mieux que poète, tu es logicien.

— Est-ce un compliment, Rubbia, ou une moquerie ?

— C’est autre chose, un constat d’huissier.