Aller au contenu

Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Gouvernement Français, seul, et ne devant compte de mes actes qu’à deux personnages dans l’État, je me trouvais plus puissant qu’un maréchal de France. C’est au vrai un redoutable rôle à jouer que celui-là. Il développe à un degré prodigieux le goût de l’initiative. Il crée une individuation intime si magnifique qu’on se sent au-dessus des colifichets nécessaires à la plèbe : décorations et grades.

À mon retour en France, au milieu de 1919, la curiosité et l’acuité de vision que cette existence d’espion avait su créer en moi me firent abandonner mon métier d’ingénieur pour le grand journalisme international. Je me faisais alors beaucoup d’illusions sur les vertus nécessaires dans ce nouvel office, mais enfin il m’amusa dès le début et j’y restai malgré quelques déboires. Je travaillai d’abord pour Eldyx, le directeur de l’Emporrum, ce quotidien véhément. Ma connaissance des problèmes majeurs de la politique étrangère, et les relations que je m’étais faites dans l’Europe