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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/188

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Il était cinq heures du soir et nous étions, Rubbia et moi, assis sous un arbre, dans le jardin, lorsque je la vis prendre une figure inquiète. Je suis si habitué à lire sur ses traits que je lui demandai la raison de cette subite lassitude, ou du moins de ce que je crus être de la lassitude.

Elle me répondit avoir un peu la migraine, et décida de rentrer.

Nous montâmes dans la chambre et je vis que ma conversation la fatiguait. Désirant son repos, je lui dis de s’étendre sur le lit et me mis à lire un roman. Je me souviens que le coupe-papier dont j’usais alors fut le stylet en langue de carpe avec lequel May s’était efforcée de m’assassiner. C’est Rubbia qui l’avait apporté, je ne sus comment. Elle le gardait sans doute sur elle durant la nuit passée au Kharakho avant notre départ.

Mais le temps orageux m’agaçait Je perdais mon attention et pris le parti de sortir. Jusqu’à la nuit, j’arpentais, dans un énervement nouveau et dont l’origine me restait obscure, toutes les allées du jardin ; le soir