Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/197

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— Oui… Oui…

Et, à la fenêtre, une voix d’homme demande :

— Cette fois, il est bien à nous.

D’un geste où je condense toute ma vigueur, je parviens à écarter ma maîtresse, puis je recule dans un angle, à la porte même, genoux pliés comme un fauve acculé.

Rubbia me saute encore dessus en hurlant :

— May… May… Je t’aime !

D’une main je la frappe brutalement, l’autre main tient le stylet Mais, quand elle revient, c’est le redoutable acier qui, cette fois, lui fait face. Je l’ai ramené devant moi. Instinctivement mon bras se détend…

Rubbia a commencé le cri d’amour à May, la lame pénètre dans son corps que j’ai tant aimé, elle s’enfonce avec rage jusqu’à bout de course, et les quillons viennent butter au flanc nu.

Et cela, Rubbia ne le redira jamais plus.

Elle s’abat avec une sorte de cri mortel, sans expression et sans voyelles, un cri qui participe déjà du tombeau.