Aller au contenu

Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous me permettez de vous quitter cinq minutes pour danser avec celle-ci. Elle est vêtue, vous voyez ?

Sans attendre ma réponse, elle se leva.

Je ne pus que murmurer :

— Je vous en prie, May.

Au surplus, si j’avais dit le contraire, elle n’en eut pas moins agi de même. De le deviner, je fus humilié, un rien…

Elle alla enlacer la danseuse. J’admirai ce double corps, modelant dans l’air une sorte de musique plastique. May dansait admirablement. Sans que nul doute put désormais subsister en moi, elle s’attestait accoutumée à la vie nocturne, aux vins capiteux, à la danse et à tout ce qui n’était point de son âge.

Pourtant, elle portait une face virginale, avec des yeux chastes et clairs, sans bistre douteuse, qui me donnaient confiance. Et ses gestes n’avaient rien de provoquant ni de salace, en ce moment où elle épousait la musique de ses pas subtilement rythmés.

Elle s’éloigna en dansant. Dix couples,