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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/39

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agités de la même fièvre, me dissimulèrent sa ligne fluette et délicate. Je bus en songeant aux caprices et étrangetés de la destinée, aux rencontres et novations que la vie apporte sans répit. Cette aventure promettait. J’avais, en vérité, découvert là un échantillon inconnu, ou presque, de la faune féminine que Paris cultive. Où vivait-elle ? Comment ? Elle se tenait bien en société, et son éducation n’était pas négligée. Quelle énigme elle m’offrait…

Nous allions rentrer tout à l’heure. Quelle serait ma conduite ? Il me plaisait de songer que, dans peu de minutes, j’aurais cette jeune fille chez moi. Mes ambitions s’arrêtaient là. Il me faudrait d’abord la confesser. Je n’ai pas l’habitude d’étudier la perversité des passions enfantines. Je commencerais… Savoir ce qu’elle était, d’abord ; ensuite, me conduire correctement, peut-être… Mais j’eusse aimé qu’elle n’eut rien à apprendre, et je l’espérais…

Une demi-heure passa dans ma rêverie. Soudain, je m’aperçus que May n’était pas