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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/77

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dévouement de mille et un instants. Cela m’amusa tout de suite. C’était une partie que je jouais contre la mort. Je gagnai…

Il y eut, certes, une semaine pénible. Rubbia paraissait vivre à la limite même de sa propre vitalité. On eût dit qu’il dût suffire d’un rien, d’un cheveu, pour la faire passer outre, là où l’être se définit au négatif.

J’admirai la résistance de cette fragile machine humaine qui est certes à la merci d’un rien, mais pourtant, dispose de prodigieuses ressources.

Je connus cependant des heures d’angoisse, où, revenu aux superstitions enfantines, il me semblait percevoir une présence horrible à mes côtés, celle de l’ange fatal…

Les jours coulèrent. D’abord Rubbia eut sans cesse besoin d’être ranimée. Je la devinais au bord même du gouffre. Le courage ne lui faillit jamais pourtant. Dans ses défaillances, quand le cœur paraissait s’arrêter, je la vis toujours sourire comme pour un défi.

Elle était d’une admirable docilité, en