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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/88

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nait d’un trait autoritaire et despotique. Notre union ne ressembla à rien de ce que content les romanciers. À chaque fois qu’il nous arrivait de nous étreindre c’était une lutte neuve et toujours aussi cruellement irritante. Cette femme ne voulait pas être prise.

Une sorte de colère mortelle fonçait ses yeux et pinçait ses narines lorsqu’elle se sentait vaincue. Et le plaisir ne limita jamais en cette âme bizarre et ambiguë une inextinguible volonté de maîtrise intime.

Elle para ma vie d’une sculpture de proue fascinante et splendide, révélatrice de mystères et créatrice de secrets nouveaux.

Ah l’étrange et affolante existence qu’elle me fit mener ! Pour tenter de définir cette amoureuse il faut dire d’abord combien elle resta sauvagesse à réflexes animaux. Voluptueuse jusqu’à la cruauté, et aimant autant créer de la joie en autrui que subir le délire sensuel, elle n’abandonna pourtant en rien son propre contrôle et son esprit restait toujours froid.