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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/93

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res, que j’étais avant de la connaître, en un amoureux timide, puéril et quasi-chaste, du moins de cœur. Je lui en gardais une infinie reconnaissance. On ne sait jamais tout ce que cèlent de possibilités l’âme et le corps. Rien n’est donc si digne d’inspirer l’affection que de vous accoucher de vous-même. Ce que je dis ramène au Gnothi Seauton socratique. Telle est bien ma pensée. Le prestige de Socrate et le secret des dévouements qu’il inspira tiennent à ce qu’il sût, par sa maïeutique, montrer à ses familiers ce que cachait leur personnalité tant en vertus qu’en connaissances, si l’on peut dire, inconnues. Ainsi étais-je avec Rubbia. Je devinais de plus, en tous ses actes, un tact miraculeux, un désir étonnamment habile d’éviter tout conflit avec moi partout où nos volontés couraient risque de s’affronter. Quelle plus splendide preuve d’amour, sinon d’amitié supérieure à l’Amour ?

Elle était énergique, je ne manquais point de volonté. Le rôle de garde-malade assumé à son endroit ne m’avait aucunement