Aller au contenu

Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

amolli. Ainsi nous opposions-nous sans jamais combattre. Même nos étreintes étaient des espèces d’Iliades. Non point que Rubbia se refusât. C’est tout au contraire qu’il lui fallait se donner en semblant prendre. Et il ne fallait consentir à vaincre en paraissant subir la loi du vainqueur…

Elle était d’ailleurs initiée à tous les jeux amoureux. Beaucoup plus que moi, mais avec une imagination moins fertile aussi. Elle avait dû vivre en Orient, car parfois elle qualifiait d’un mot sanscrit ou arabe un acte que les gens d’Occident n’ont pas encore catalogué, soit par vergogne, soit par ignorance. Il en est beaucoup. Mais elle disait cela sans aucun autre souri que de rappel érudit et avec un rien de moquerie. Ainsi la salacité n’avait, en cet être curieux, ni la pudeur comme base, ni la curiosité comme moyen d’action. En somme c’était chez elle une sensualité chaste que je cultivais. Avec cela, dans le courant de notre vie, elle abondait en conseils fins et délicats, témoignant d’une singulière expérience.